Ou comment des cosmétiques sélectifs hyper naturels racontent des histoires sur leurs ingrédients… sans chercher un quelconque statut bio
Et si les fabricants de produits cosmétiques sélectifs évitaient soigneusement le statut « bio » ?
Difficile pour les consos d’imaginer un cosmétique actif qui soit bio et notamment anti âge. Dans l’imaginaire, le bio est bienveillant, doux, respectueux et plus passif, préservateur qu’actif et soignant (réparateur ou anti âge). Le bio qui connote la fraicheur est idéal pour les peaux jeunes. Aujourd’hui, qu’on le déplore ou non, c’est la « chimie » issue de recherches de type scientifique, encadrée par les marques, qui est dépositaire de l’efficacité anti âge.
Résultat : les marques utilisent des ingrédients bios (ou presque) sans le dire, pour s’émanciper des chartes bio contraignantes et éviter l’image pauvrement efficace du bio. Ces marques racontent de nouvelles histoires pour valoriser leurs ingrédients naturels. Elles réinventent le bio en quelque sorte pour le rendre plus glamour et surtout plus high tech, enfin susceptible de soutenir des promesses d’efficacité fortes et de générer de l’envie. Evoquer une plante « sauvage » issue d’une nature préservée semble plus aspirationnel qu’évoquer un « mode de culture biologique ».
Dior, par exemple, cultive sa fameuse Rose de Granville dans le Jardin Dior exclusivement biologique (pas d’utilisation d’engrais ou de pesticide par contre, on nous raconte sur le site que « les pucerons sont traités au marc de café »), produite en toute petite quantité, récoltée à la main, etc…
Guerlain, lui, a créé une jungle farming pour élever et protéger ses orchidées, en Chine dans la province du Yunnan. Au milieu d’une jungle épaisse, cette immense green house à ciel ouvert voit vivre des orchidées dans leur milieu naturel (http://youtu.be/jungle farming). Elles y poussent pendant 6 ans, sans engrais ni pesticide, avant de livrer leur tige pour la gamme Orchidée Impériale.
Bioeffect (chez Colette), marque islandaise, fait pousser son ingrédient star, l’orge, dans une « serre futuriste alimentée en géothermie », la « cultive dans des pots de terre brulée pour éliminer toutes les bactéries », l’« arrose avec de l’eau de pluie islandaise » et Bioeffect n’affiche aucun label Bio. http://www.bioeffect.fr/). Seul un mot très discret sur leur site, à propos de la leur culture « respectueuse de l’environnement et du développement durable. »
Comme si le Bio et ses normes trop strictes, trop tristes cassaient le rêve et le plaisir…
Les citations entre guillemets sont extraites de l’article de Vogue de Mai 2012 par Christelle Baillet : un magazine, source inépuisable d’inspiration !